L’hypersensibilité chez les enfants

Voilà un article qui est dans un coin de ma tête depuis bien longtemps. Aujourd’hui je prends enfin la plume pour vous parler du sujet délicat de l’hypersensibilité chez les enfants, sujet que je connais particulièrement bien pour en avoir un représentant à la maison depuis bientôt neuf ans.

Caprices, enfant-roi, laxisme, mauvaise éducation… J’ai entendu à peu près tout et n’importe quoi à propos du sujet épineux de l’hypersensibilité, me débattant pendant des années pour essayer de comprendre la bombe que je tenais entre mes mains. Heureusement, grâce à de nombreux supports et à des discussions bienveillantes avec des amies et des thérapeutes, j’ai pu réussir à mettre des mots sur ce que nous vivions tous au sein de ma famille. Aujourd’hui, j’ai envie de témoigner à mon tour, car de trop nombreuses familles souffrent de ne pas réussir à comprendre leur quotidien. Les mots guident, les mots apaisent. J’espère que cela vous aidera si ce sujet vous touche de près ou de loin.








Dès tout petit, j’ai compris que mon fils était une véritable bombe à émotions. Tout était décuplé chez lui, tout. La peur, la joie, la colère, la faim, la tristesse, l’amour, la peur du noir, la séparation, les transitions… Chaque petit moment de la vie pouvait nous réserver une crise, là où pour n’importe qui cela serait passé tout seul.

Je me souviens encore des shampooings du soir quand il était petit. Mais que pouvait-il donc ressentir lorsque l’eau coulait simplement sur sa tête ? Je me souviens également de cette fois où une maîtresse compatissante lui a donné à manger en cachette un peu avant le repas, tellement elle sentait que la faim le menait à bout. Ou encore à chaque angine qu’il avait lorsque nous voyagions. Ou de la peur incontrôlable qu’il a ressentie récemment lorsque ses cousins ont parlé en riant des sangsues au repas du soir, et dont il a fait des cauchemars ensuite pendant des nuits entières.

En neuf ans d’existence, nous avons à peu près tout connu : cauchemars et terreurs nocturnes (les deux sont différents), énurésie, constipation, peur de l’école, peur de se laver, caractère explosif à la moindre frustration… J’ose à peine parler de ses passions. Là encore, tout est décuplé, et nous savons que chaque nouveau centre d’intérêt va envahir notre maison 24h/24. En ce moment, c’est Harry Potter. Après avoir mangé, dormi, joué et vécu Stars Wars et Ninjago pendant des mois, à choisir, cette nouvelle passion me convient parfaitement. Au moins ça enrichit mon propre imaginaire.

Pendant très longtemps, nous avons été complètement démunis face à ce petit bonhomme dont les émotions transpiraient à même la peau. Difficile de ne pas être touchés lorsqu’on est parents et que notre espace vital est envahi quotidiennement. Bien sûr, avec le temps, nous avons appris à mettre des mots sur ces émotions, mais à quel prix… Même maintenant l’équilibre est encore fragile, prêt à s’écrouler à chaque nouvel événement.








Et puis un jour, il y a environ six mois, j’ai appelé une kinésiologue à la rescousse. À peine avait-elle parlé avec mon fils qu’elle a posé une conclusion simple : Toi, tu es un enfant +++. Plus d’émotions, plus de peurs, un cerveau qui marche plus vite, des réactions plus fortes, tout est plus chez toi. Et lorsqu’elle a prononcé ces mots, j’ai vu un soupir de soulagement se dessiner sur le visage de mon petit bonhomme. Enfin… Ce qu’il se passait n’était pas plus compliqué que ça : il était +++, tout simplement. En tant que parents, vous ne pouvez pas savoir le bien que cela fait de ressentir enfin ce sentiment de déculpabilisation. Parce que le regard des autres est dur quand notre enfant fait une n-ième crise, qu’il est incapable de s’endormir seul et qu’on reçoit messages sur messages de la part des enseignants.

Pour gérer au mieux notre quotidien, nous avons choisi d’établir des priorités. La frustration est un apprentissage comme un autre, et même si cela s’est passé un peu dans la douleur, nous n’avons pas flanché quand il s’agissait de dire non à certaines demandes. En revanche, avec le temps, nous avons appris à lâcher sur d’autres choses. Pour vous donner un exemple très concret, hier je suis allée me balader avec les enfants à LX Factory, un lieu expérimental et artistique de Lisbonne. À partir de 18h, je voyais mon fils complètement envahi par la faim, à en devenir agressif et impossible à raisonner. Je ne connais que trop bien ce qui se passe si on laisse traîner les choses, donc nous avons été au restaurant, même s’il était tôt. Une fois rassasié, il avait retrouvé un grand sourire et nous avons pu continuer notre balade. Mais, à LX Factory, certains tags sont un peu étranges, assez futuristes et parfois dérangeants. Au bout d’un moment, j’ai vu mon fils se décomposer à vue d’œil, même s’il ne disait rien. Et s’est passé ce qui devait bien sûr se passer le soir : impossible de le coucher, il avait eu trop peur de ce qu’il avait vu. Et bien, même s’il a presque 9 ans, je lui ai permis de s’endormir à côté de moi sans même négocier. De toute façon, si je ne l’avais pas fait, il se serait endormi avec tellement d’angoisses qu’il se serait réveillé 50 fois dans la nuit en hurlant. Le coucher est un moment où on a appris à lâcher.

Ce qui nous a également beaucoup aidé, c’est la lecture du livre Mon enfant hérisson de Stéphanie Couturier. Il donne plein de pistes pour comprendre ce qu’on vit, en tant que parents, mais aussi ce que vit l’enfant. Parce que bien souvent on néglige le mal-être que peuvent ressentir les hypersensibles dans un monde qui vit à 100 à l’heure et qui est tellement peu adapté à ce dont ils auraient besoin. Que ça doit être difficile pour eux de tout percevoir aussi fort !








Je ne sais pas d’où vient cette hypersensibilité chez mon enfant et, honnêtement, je crois que je m’en fous un peu. La seule chose qui m’intéresse, c’est de pouvoir l’accompagner dans ses crises et dans ses peurs. J’ai arrêté de croire les gens suspicieux qui me regardent en coin lorsque je parle d’hypersensibilité. Parce que mon enfant n’est pas juste très sensible, il est hypersensible, et je sais de quoi je parle. Lorsqu’on ne peut pas se concentrer dans une classe à cause du moindre bruit, c’est de l’hypersensibilité. Quand on met des semaines à se remettre d’un événement anodin, c’est de l’hypersensibilité. Et quand on panique à l’idée de porter un t-shirt aux manches trop serrées, c’est de l’hypersensibilité.

Avec le temps, j’ai compris que ce côté +++ sera une force pour mon enfant quand il sera adulte, car si on peut être envahi par la colère et la frustration, on peut aussi être envahi par la joie et l’amour. Être empathique peut être difficile à vivre, tout comme cela peut être la base d’une relation saine d’écoute et d’échange avec les autres. Et c’est peut-être bien en vivant aussi fort qu’on comprend l’intérêt et la puissance de la vie. Alors, en tant que parent, je fais confiance du mieux que je peux à ce que doit vivre mon enfant, et je me promets de ne plus jamais laisser personne me dire le contraire.








Si ce sujet de l’hypersensibilité chez l’enfant résonne en vous, n’hésitez pas à me laisser un commentaire ou à me contacter par mail pour en parler. J’aurais aimé avoir du soutien quand c’était mon tour en tant que jeune maman démunie, c’est pour cela que je propose désormais mon écoute à ce sujet-là. Je viens justement de créer une nouvelle adresse mail en lien avec le nouveau nom de ce blog : desmotspoursoi@gmail.com (vous pouvez également aller dans l’onglet Me contacter)

On se retrouve à partir d’aujourd’hui avec un nouvel article par semaine, toujours le mercredi matin. À bientôt ! 🙂

6 commentaires sur « L’hypersensibilité chez les enfants »

  1. Tellement de résonnances ici où nous avons au moins 2 des 4 hypersensibles et certainement autistes d’Asperger. Ils sont adultes maintenant mais ils ont appris à se protéger plus ou moins. Pour le bruit, avoir des écouteurs à réducteurs de bruits aide; pour la lumière ce sera des lunettes de soleil même en hiver. Le trop plein d’émotions est plus dur à gérer. D’après ma dernière les anglosaxons sont beaucoup plus en avance sur l’étude de l’hypersensibilité et de l’autisme car les deux sont très souvent liés. On ne s’ennuie pas avec eux c’est sûr et notre esprit est aussi toujours sollicité puisqu’ils aiment partagés leurs passions.

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    1. Merci pour ton témoignage ! En effet, le lien entre autisme/haut potentiel/hypersensibilité m’interroge, ayant vu de nombreux enfants concernés dans mon ancien métier d’enseignante. Je vais me renseigner du côté des anglo-saxons alors ! Au plaisir de te relire sur le blog 🥰

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  2. Bonjour Sophie!
    Très intéressant et je suis certaine une précieuse aide sur le chemin de beaucoup de parents. Pas facile déjà d’être parents mais quand d’autres fonctionnements entrent en ligne de compte ça peut vite nous plomber et nous faire perdre patience et repères.

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  3. J’ai élevée une enfant hypersensible +++ Aujourd’hui, elle a 24 ans, elle sait gérer ses émotions et utiliser ses qualités. On garde en souvenirs des dizaines d’anecdotes qui nous font rire aux larmes maintenant. D’ailleurs, même quand elle était petite, on utilisait beaucoup l’humour pour dédramatiser les situations. J’ai aussi appris comme toi, à éviter certaines situations, à avancer l’heure des repas, à surveiller les signes d’anxiété, partir quand c’était nécessaire… C’est une jeune femme merveilleuse maintenant.

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    1. Merci beaucoup Christelle pour ce témoignage qui me fait beaucoup de bien ! C’est vrai que quand on est dans le creux de la vague c’est parfois difficile de dédramatiser les situations, mais c’est ce qu’on essaie de faire dès qu’on a la tête un peu hors de l’eau 😉 Je suis heureuse de voir que votre fille a su s’épanouir avec son hypersensibilité. Au plaisir de vous relire sur le blog !

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