Été en feu & réflexions

Drôle d’été, drôle de période, vous ne trouvez pas ?

Je suis rentrée depuis une semaine au Portugal et, depuis mon retour, je ne cesse de m’interroger sur cet été de tous les extrêmes que nous venons de vivre. Je ne sais pas comment celui-ci s’est déroulé pour vous, mais de mon côté il a été surprenant à bien des égards. Nous avons eu la chance de passer de très beaux moments avec nos amis et nos familles, mais vécu aussi des situations plus difficiles, le point culminant ayant été l’incendie qui a touché de plein fouet le petit village de ma grand-mère au moment où nous y étions. Sachant que ce village est complètement isolé dans la montagne, le déploiement des pompiers et de l’armée a nécessité une organisation assez complexe à laquelle nous avons assisté, impuissants.













Fort heureusement, il n’y a eu aucune victime et les maisons n’ont pas été touchées, mais des hectares de forêt ont brûlé à quelques mètres des premières habitations. Comme tous les villageois, j’ai été très émue de voir mon petit paradis partir en fumée et j’ai souffert d’entendre les hélicoptères tourner en continu pendant des jours au dessus de nos têtes. J’ose à peine imaginer ce qu’ont vécu tous ces hommes et ces femmes qui se trouvaient directement sur le front, à porter des combinaisons lourdes dans la fournaise de l’été.

Je me suis beaucoup interrogée sur ces feux, ou plutôt sur ce qui les a déclenchés. La question n’est, à mon sens, pas de savoir si l’origine est criminelle, mais plutôt de comprendre pourquoi la nature était aussi sèche. Sans grande surprise, le réchauffement climatique est là, les hommes en sont responsables et il est urgent d’agir au plus vite pour redresser la situation avant qu’il ne soit trop tard. Ça, on le sait, mais concrètement, on fait quoi ?

Cet été, j’ai parcouru 6000 km entre le Portugal et la France afin de voir tous mes proches. Ai-je participé à l’aggravation de la sécheresse par mes actes ? Oui, bien sûr. Vais-je arrêter de voyager pour autant ? Aïe, c’est là que le bât blesse.

La difficulté, à mon sens, n’est pas de se mettre de nouvelles limites. La difficulté est de changer complètement de paradigme, afin que ces limites ne soient pas insupportables à vivre. Je m’explique : la société actuelle, de par son organisation, a créé de nouveaux besoins qui n’existaient pas auparavant. Chercher à modifier ces besoins est une chose, les déprogrammer en est une autre, et je pense que c’est vers cela que nous devons tendre.

Dans le cas du voyage pour le loisir, par exemple, je suis en plein dans cette problématique. Cela fait des années que nous souhaitons voyager au Maroc avec les enfants, mais le Covid est arrivé et notre voyage a été annulé. Nous avons désormais la possibilité de le reprogrammer pour ce mois d’octobre, avec toutes les conséquences écologiques qui en découleront. Pour moi, la question n’est pas de savoir si nous devons aller au Maroc ou non, mais de savoir si nous avons BESOIN de voyager. Vaste débat, difficile question…

Depuis plusieurs années maintenant, j’ai réussi à cibler certains de mes « besoins » et à les déprogrammer. Dans mon cas, c’est passé par une réflexion assez poussée sur l’achat de vêtements, comme vous pouvez le lire ici. J’ai aussi donné, donné et encore donné tous les objets qui méritaient une meilleure vie que d’attendre pour rien dans mes placards. J’ai aussi arrêté d’acheter des crèmes de nuit/de jour/antirides/meilleur teint, des gadgets pour ma cuisine et autres joyeusetés. Je suis revenue à du simple, du pratique, de l’efficace. Mais… et le voyage ?

Je dois avouer que dans ma tête, tout se mélange. Entre les contraintes du Covid et l’urgence climatique, sans parler de la guerre récente en Ukraine, la situation actuelle est anxiogène à bien des égards. Chaque pas que l’on fait devient sujet à réflexion… Est-ce trop ci ? Ou pas assez ça ? Va-t-on manquer de ceci ? Ou avoir le droit de faire cela ? J’avoue que pour vivre le plus normalement possible, j’ai tendance à m’enfermer dans une bulle dont je contrôle soigneusement la porte d’entrée. Et, ces temps-ci, j’ai l’impression que je ne suis pas la seule à vivre ce repli sur soi, dans un ultime but de protection. Mais, pourtant, je reste convaincue que seuls le partage et l’échange mèneront à un nouvel équilibre dont nous avons tous bien besoin. Qu’il est difficile de se positionner dans la société actuellement !

Cet article est certainement confus, à l’image des décisions que je n’arrive pas à prendre. La balance est difficile à trouver entre les envies, les besoins et leurs conséquences. Tout ce que je sais, c’est que je ne veux plus voir mon village adoré en feu, ni celui des autres. Je ne veux plus que la Nature souffre du manque d’eau, que les arbres perdent leurs feuilles dès le mois d’août et que les êtres vivants étouffent à cause de la chaleur écrasante.

J’entends souvent dire que ce n’est pas entre nos mains, qu’il faut que ça bouge plus haut… En effet, mais nous avons tout de même plus de pouvoir que ce que nous croyions. En revanche, pour cela, il est urgent de redéfinir la façon dont nous souhaitons vivre en tant que société. Mon voyage au Maroc est-il absolument indispensable ? Non. Allons-nous y aller quand même ? Non, même si cela me travaille beaucoup. Je crois que je suis tout simplement triste pour mes enfants qui ne connaîtront jamais l’insouciance que nous avons connue, à l’époque où des œillères nous en cachaient les conséquences.





Mon premier roman est en ligne ! Découvrez sans tarder son résumé !

Êtes-vous prêts à rencontrer l’âme de la forêt ?

À l’aube de la guerre, Ehron doute. Jeune soldat de la garde rapprochée du roi Daegan, il s’interroge sur le bien-fondé des combats à venir et sur cet ennemi insaisissable qui peine à se dévoiler. Pourquoi mettre en péril toute une armée pour aller affronter un royaume que personne ne connaît ?

Ehron ignore que ce voyage lèvera le voile sur les origines troubles de sa naissance. Il devra alors faire un choix : rester soldat, ou bien s’enfoncer dans les profondeurs de la mystérieuse forêt d’Aowenda… Cela lui permettra-t-il de comprendre enfin la signification d’Imaya, ce mot qui ne cesse de le hanter depuis l’enfance ?

Amateurs de fantasy épique, de quête haletante et de héros profondément humains, plongez sans tarder dans ce premier tome des Trois Royaumes, au cœur de la magie qui vous attend depuis une éternité…















			
		

6 commentaires sur « Été en feu & réflexions »

  1. Assez inattendu ce sujet d’article, sur ce genre de blog… mais du coup totalement toi ♥
    J’entends encore tellement de personnes se désoler de l’état de leur jardin, se dire inquiet pour ensuite montrer les photos de leur dernier voyage de l’année sans faire aucun lien entre les deux… Ou refuser de le voir plutôt. Invoquant le droit, la liberté ou le moyen age, si on tente d’ouvrir la discussion… 😦
    Voyager n’est pas une habitude chez moi, c’est je pense le moins que l’on puisse dire pour quelqu’un qui n’a jamais pris l’avion et n’est pas allé plus loin que la Belgique ! (bon j’avoue j’ai fait un baptême de l’air en ULM quand j’avais 13 ans…). Pas que je n’en ai jamais eu envie pourtant… mais sans doute moins que les autres. Ou alors je manquais peut être déjà de cette insouciance dont tu parles car d’aussi loin que je me souvienne le « coût écologique », même si on ne le définissait pas ainsi à l’époque, entrait toujours dans la balance quand l’idée me prenait. Et ça a pris un énorme poids depuis que je suis maman, forcement…
    Cependant le problème se pose pour une destination qui me fait rêver depuis des années : le Japon. Cette envie là ne me passe pas avec la réflexion… Je ne sais pas si j’irai vraiment un jour, mais je me laisse cette porte ouverte. J’ai commencé à apprendre la langue cette année. Parce que si j’y vais, ce sera THE voyage. Pas question d’y aller en mode touriste une ou deux semaines en ne communicant qu’en anglais. J’apprends, j’économise aussi…. et puis je verrai.

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    1. Merci pour ton message ! En effet, le sujet est épineux pour moi car étant expatriée j’ai un peu la contrainte du voyage si je veux voir ma famille. C’est plus complexe que ça n’y paraît car on a fait le choix il y a plusieurs années de partir loin, à une époque où on ne voyait pas (trop) le problème de prendre l’avion. On a déjà réduit nos autres voyages (ce qui a été un grand pas pour moi, éternelle voyageuse même avant d’être expatriée).

      Concernant ton dilemme avec le Japon, je te comprends tellement ! Cette décision est personnelle à chacun, car nous avons tous notre propre définition des limites et des envies. Je te souhaite de parvenir à prendre une décision satisfaisante et sans regrets, que ce soit dans un sens ou dans l’autre ❤️ À bientôt sur le blog !

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  2. je me posais le même genre de question car cette semaine j’ai passé plusieurs commandes en ligne pour des livres ou des biens culturels. Est-ce mieux de me déplacer en magasin, sachant que j’irai en voiture ? et que donc mon déplacement aumente mon bilan carbone, ou de me faire livrer par un camion qui de toute façon se déplace ? je voyage assez peu, prends rarement l’avion (bien moins d’une fois par an en moyenne), j’essage de voir ce que je peux améliorer, mais en dehors de renoncer à la voiture ce qui me ferait perdre un temps considérable chaque jour, je ne vois pas, mon mode de vie est déjà très simple…

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    1. En effet, que c’est complexe comme situation ! Pour l’instant je prends ma voiture, mais je privilégie le bus dès que possible. J’ai la chance immense d’habiter dans un quartier où tout est à proximité, mais de toute façon il faut bien des camions pour tout approvisionner ! Donc j’en reviens au même point, l’essentiel est de changer radicalement notre façon de consommer 😉

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  3. Bonjour,

    Je suis entièrement d’accord avec ces propos, mais j’ai encore bien de la peine à me défaire de mes envies… Mais voyager me préoccupe de plus en plus et je culpabilise aussi de plus en plus. Pour le travail, je dois prochainement me rendre à Barcelone. J’ai longuement hésité entre le train et l’avion, mais à ce moment, pour transiter par la France (je suis Suisse), il fallait un pass covid ou faire un test PCR. Mon pass est juste échu ces jours et faire un test pcr me tentait moyennement, demandant encore de l’organisation en plus de toute celle de ce voyage. Je me suis donc décidée pour l’avion et je le regrette. L’année prochaine je fête mes 40 ans et je pensais faire un grand voyage en famille, mais plus j’y pense, plus je me dis que nous allons probablement rester en Europe. Ce sont toutes des questions que je ne me posais pas il y a ne serait-ce que 5 ans.
    Quand je vois les aberrations, comme le fait de refroidir les routes en versant de l’eau pour le tour de france, ou pour arroser des golfs, ça me rend dingue. ça veut dire que tout ce que nous faisons pour économiser de l’eau, sert à faire des choses idiotes… et je me demande pourquoi je fais ces efforts?
    Bref, c’est aussi confus dans ma tête!! Merci pour à message, je vois que je ne suis pas seule à réfléchir…

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    1. Merci pour ton message ! Je vois que je ne suis pas la seule à réfléchir, notamment pour l’avion ! En fait, je crois que la question n’est pas d’avoir à choisir entre le train et l’avion, mais plutôt de choisir entre voyager ou non (en tout cas, c’est comme ça que je le vois de plus en plus). Mais que c’est difficile de détricoter 40 ans d’habitude ! J’avoue que j’en suis au même point que toi, entre envie et hésitation. 😉

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